LA VENTE D’UN LOT DE COPROPRIETE

La vente d’un lot de copropriété pose souvent plus de difficultés que la vente d’une maison individuelle. La loi ALUR (Accès au logement et à un urbanisme rénové) du 24 mars 2014, entrée en vigueur le 27 mars 2014, a institué de nouvelles règles protectrices des parties et a réformé les modalités de la vente d’un lot de copropriété.

Avant tout, l’article L 721-1 du Code de la Construction et de l’Habitation (CCH) impose que l’annonce relative à la vente d’un lot situé dans un immeuble bâti mentionne notamment que le statut de la copropriété s’applique, le nombre de lots dans l’immeuble, le montant annuel moyen de la quote-part à la charge du vendeur, du budget prévisionnel correspondant aux dépenses courantes et si le syndicat fait l’objet d’une procédure.

La loi impose au rédacteur du contrat d’être en possession des documents visés à l’article L 721-2 du CCH a n de les annexer au plus tard à la date de la signature de la promesse ou lorsque l’acte authentique de vente n’est pas procédé d’une promesse, les dits documents sont joints au projet d’acte de vente. Ces obligations participent à renforcer l’information de l’acquéreur sur le bien immobilier qu’il envisage d’acquérir. Dès que la décision est prise de vendre ou d’acheter un lot de copropriété, il est important de réunir au plus vite les pièces indispensables à la préparation de l’avant-contrat.

I – CHAMP D’APPLICATION
DE L’ARTICLE L 721-1 DU CCH

La vente immobilière commence par la signature d’une promesse ou compromis de vente, lequel document fixe les principales conditions de l’opération.
Aux documents qui doivent déjà être annexés au stade de l’avant- contrat (diagnostics immobiliers, mesurage loi Carrez …) la loi ALUR ajoute de nouveaux documents indispensables à la parfaite information de l’acquéreur, notamment sur la situation juridique et financière de la copropriété et du lot vendu.
Le champ d’application de cet article ne se limite pas aux seuls lots d’habitation. En e et, il su t que la destination de l’immeuble comporte, même partiellement de l’habitation, pour que la vente de n’importe quel lot soit soumise à l’obligation d’annexion. Il est donc important de vérifier les éventuels changements d’affection des lots. Ce texte s’applique donc aux ventes et cessions de droit réel immobilier, d’un lot de copropriété ou fraction de lot ainsi qu’au droit réel immobilier relatif à un lot ou une fraction de lot. Ces biens doivent être com- pris dans un immeuble bâti, à usage total ou partiel d’habitation et sou- mis au statut de la copropriété. Ce texte s’applique également sans distinction selon la qualité de l’acquéreur (personne physique, morale, professionnelle ou non).

II – DOCUMENTS À FOURNIR POUR LA PRÉPARATION DU COMPROMIS DE VENTE
Les documents devant être remis à l’acquéreur sont les suivants : Règlement de copropriété-état descriptif de division et ses modificatifs : sans limitation de temps et peu importe que les modifications ne concernent pas le lot vendu. Un état hors formalité demandé par le rédacteur de l’avant-contrat per- mettra de s’assurer de l’obtention de l’ensemble des modificatifs et de s’assurer également de la bonne remise de l’ensemble des pièces à l’acquéreur.

› La fiche synthétique : le syndic doit établir ce document regroupant les données financières et techniques essen- tielles de la copropriété ;

› Les procès-verbaux des Assemblées générales de la copropriété des trois dernières années

› Informations financières précisant les charges attachées aux lots vendus, et les charges restant à payer tant au titre du lot que celui de la copropriété, l’état global des impayés de charges au sein du syndicat et de la dette vis-à-vis des fournisseurs, le montant du fonds de travaux et la quote-part attachée au lot principal vendu.

› Le carnet d’entretien de l’immeuble : c’est une obligation pour le syndic de faire établir ce document et de le tenir à jour.

› Une notice d’information relative aux droits et obligations des copropriétaires ainsi qu’au fonctionnement des instances.

› Le cas échéant, le diagnostic technique global pour les immeubles de plus de dix ans mis en copropriété à destina- tion partielle ou totale d’habitation.

La réunion de tous ces documents est indispensable à la régularisation de l’avant-contrat. La délivrance de ces pièces génère un coût à la charge du vendeur, lequel est encadré par la loi ALUR.

situation financière de la copropriété et la superficie privative et surface habitable ne sont pas annexés à l’acte notifié au sens de l’article L 271-1 du CCH, le délai de rétractation ou de réflexion ne court qu’à compter du lendemain de la communication de ces documents à l’acquéreur (article 721-3 du CCH). Le délai de dix jours est suspendu jusqu’à la notification intégrale.

En cas de manquement à l’obligation d’annexe au stade de l’avant- contrat, il faudra qu’un avenant soit établi pour officialiser la fourniture par le vendeur, à l’acquéreur, des documents qui manquaient. Une nouvelle notification au sens de l’article L 271-1 du CCH ou nouvelle remise au sens de l’article D 271-6 du CCH sera nécessaire.

III – DOCUMENTS POUR L’ACTE AUTHENTIQUE
Les annexes obligatoires sont les mêmes que les documents joints à l’avant-contrat. Toutefois, il faut joindre de nouvelles pièces et notamment :

  • ›  Article 20 II dernier alinéainséré dans la loi du 10 juillet 1965 relatif à la situation financière de l’acquéreur : le notaire devra s’assurer de la bonne situation financière de l’acquéreur vis-à-vis du syndicat s’il est déjà copropriétaire et aura en sa possession le certificat attestant du règlement des charges impayées par l’acquéreur. Le cas échéant, ce dernier dispose alors d’un mois pour régulariser sa situation et à défaut la vente ne pourra pas être signée.
  • ›  Le casier judiciaire de l’acquéreur,
  • ›  L’immatriculation du syndicat des copropriétaires : l’acte authentique doit comporter un paragraphe relatif à l’immatriculation de la copropriété. En cas d’inertie du syndic, ce dernier peut être mis en demeure de procéder à l’immatriculation du syndicat des copropriétaires
  • › L’état daté de moins d’un mois (qui complète les informations financières fournies lors de l’avant-contrat) indiquant notamment les sommes dues par le vendeur, par le syndic au vendeur et les sommes qui seront réclamées à l’acquéreur. Cet état indique le cas échéant le montant des cotisations alimentant le fonds de travaux. Ce fonds de travaux est définitivement attaché au lot et non remboursé par le syndicat. Néanmoins, une convention entre les parties peut prévoir le remboursement par l’acquéreur au vendeur, laquelle convention est inopposable au syndic.

    La loi ALUR a pour objectif égale- ment de prévenir l’aggravation des impayés de charges dans les copro-priétés. Le dispositif est allégé pour la vente des lots dits annexes (cave, grenier, débarras, garage, cellier…) Les informations fournies sont allégées. Il en est de même lorsque l’acquéreur est déjà propriétaire d’un lot dans la même copropriété, pour qui, seules les informations financières lui sont transmises. L’absence de syndic altère le travail préparatoire du notaire. En e et, faute de syndic, le notaire est dans l’incapacité de rassembler l’ensemble des pièces indispensables à la conclusion de l’avant- contrat et de l’acte authentique de vente. Les notifications et remise de pièces au pro t de l’acquéreur ne peuvent être effectuées. Le notaire ne peut pas procéder aux notifications postérieures à la vente.

    Néanmoins, l’absence de syndic n’empêche pas les parties de conclure une promesse de vente mais il y aura lieu de prévoir en condition suspensive, l’élection par l’assemblée, d’un syndic. La faculté de rétractation sera mise en œuvre postérieurement à l’élection d’un syndic et le notaire dispo- sera désormais d’un interlocuteur légal a n d’obtenir les documents nécessaires ou à défaut, de pouvoir justifier d’une demande ou d’une démarche auprès du syndic.

    A noter :
    Les lois ALUR et ELAN n’ont pas ni de transformer les règles dans les immeubles et plusieurs mesures entrent en vigueur notamment pour les petites copropriétés afin d’assouplir les démarches.

    Me Me Caroline Beuscar-Lefebvre notaire à Gradignan.

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